La semaine dernière, nous avons parlé de l’un des bons points de Ranma ½, l’un de mes mangas favoris. Aujourd’hui, nous allons parlé de quelque chose de problématique dans cette œuvre.
Le harcèlement sexuel.
Le Larousse le décrit ainsi : c’est « le fait d’imposer à quelqu'un, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle (portant atteinte à sa dignité, notamment.) ; fait d’user sur quelqu'un, même à une seule occasion, de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir de lui un acte de nature sexuelle. »
Autrement dit, c’est être un gros lourd qui n’en a rien à faire de ce que pense et ressent l’autre. Oui, je le met au masculin, puisque les hommes sont majoritairement les auteurs de ce type d’infraction.
Et des gros lourds, il y en a partout dans Ranma 1/2.
Le premier que l’on croise dans le manga, c’est Tatewaki Kuno. Il s’agit d’un lycéen, plutôt populaire au début, qui veux absolument sortir avec Akané Tendo, l’héroïne du manga. Son refus et son désintérêt ne l’arrêtent pas. Il en va de même lorsqu’il rencontre la version féminine de Ranma… qu’il appelle durant tout le manga « la fille à la natte ». Parce que même s’il ignore son nom, s’il n’a jamais discuté avec elle, il la veut. Il s’agit donc là uniquement d’une entité féminine sans personnalité qui l’a subjugué par sa beauté (et peut-être aussi sa force puisque Ranma l’étale dès la première rencontre). Or, on ne peut pas dire que Ranma fasse dans la dentelle pour refuser ses avances. Plein de fois. Durant tout le manga.
Kuno les « poursuit de ses assiduités », comme on dit… ce qui signifie en vérité ne pas les lâcher jusqu’à ce qu’elles cèdent. Ce qui n’arrive jamais, parce que c’est l’un des ressorts comiques du manga. Kuno est lourd, mais il n’arrive jamais à ses fins, parce qu’il fait face à des femmes solides que son attitude fatigue et énerve mais uniquement quand il est là. En son absence, elles ne pensent pas à lui.
En soit, le personnage est aussi un gros nul, complètement stupide, ce qui compense sa lourdeur et rends ces scène généralement très drôles. Donc oui, Kuno est un harceleur de compétition.
Mais il n’y a pas que lui !
Dans le même genre, il y a sa propre sœur, Kodachi la Rose Noire. Kodachi, elle, est amoureuse de Ranma et le veut. Ranma, pour sa part, ne la supporte pas plus qu’il ne supporte Kuno. Or, Kodachi est retorse et a des idées bien tordues. Toujours sans demander son avis à Ranma (bien sûr) elle décide qu’il devient l’enjeu d’un combat-gymnastique rythmique (l’un des meilleurs de la série avec le combat sur glace). Elle va aussi au-delà du harcèlement pour entrer dans l’agression pure et dure : elle paralyse Ranma avec le parfum de ses roses noirs pour l’embrasser alors qu’il ne peut plus bouger. Elle fait également du chantage à la photo truquée. Bref, elle est un cran au-dessus de son propre frère.
Mais l’agresseur ultime, et bien c’est évidemment Happosaï. Dans l’anime d’origine, celui qu’on a découvert avec le club Dorothée, il était appelé « le voleur de marchandise ». En VO il s’agit du « voleur de petite culotte ».
Happosaï est un condensé de mal. Il a tous les défauts possibles et imaginables. Maître d’arts martiaux des parents de Ranma et Akané, il devient celui de Ranma. Même après des années, Genma et Soun restent terrifiés par leur maître.
Il pense aux femmes en permanence : il veut les voir, les toucher… Qu’elles soient d’accord ou non. En vrac, dans les exactions d’Happosaï, il y a : le vol de sous-vêtements, transformer Ranma en fille sans son accord, le forcer (ou en tout cas essayer) à porter des sous-vêtements féminins, toucher le corps des filles sans leur demander leur avis, le regarder sans leur accord… et on parle toujours d’adolescente tandis qu’Happosaï est plus vieux que le monde.
Généralement, Happosaï est rapidement puni par les filles ou Ranma. Comme pour Kuno, ses actes ne restent jamais sans conséquences pour lui.
Il y a d’autres personnages dans le style… Shampoo, qui veut épouser Ranma après qu’il l’ai battu, Mousse, qui veut épouser Shampoo, et d’autres personnages plus ponctuels. D’un point de vue général, il s’agit d’un ressort comique les plus utilisés dans Ranma : les combats d’arts martiaux improbables, et les personnages qui veulent sortir avec Akané ou Ranma malgré leur refus.
Quand on lit Ranma, il faut accepter que ces ressorts scénaristiques soient utilisés de façon comiques. En revanche, ce n’est jamais présenté comme quelque chose d’acceptable. J’en veux pour preuve le nombre de fois où Happosaï se retrouve écrasés, roué de coups, dépouillé de sa collection de culottes… Non pas que je valide la violence et les représailles. Dans le contexte de Ranma, c’est toujours appréciable (et drôle). Ça fait partie, je pense, des points forts du manga.