Jouer avec les noms de ses personnages Choisir le nom de nos personnages est facile pour certains et très dur pour d’autres. Certains auteurs choisissent de donner un sens profond, en lien avec l’identité du personnage ou à ses objectifs. D’autres, hé bien… s’amusent, tout simplement. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les choix de ces auteurs, mais nous allons sagement nous contenter de parler des noms des personnages.
Prenons Akira Toriyama, le génial créateur de Dragon Ball (et sa meilleure ère, Dragon ball Z).
Vous vous souvenez des sayans ? Bien sûr, Goku et Vegeta en sont. Eh bien, Toriyama a utilisé une anagramme de « yasai », mot japonais qui signifie « végétal ». Oui, parce qu’en japonais, on dit « saya » et non « sayan ».
Toriyama a poussé l’idée plus loin en tordant les noms de verdure pour nommer ses célèbres personnages : Kakarott est issu de carotte, Végéta de légume (Bejita-o en japonais), Raditz de radis, etc.
Revenons en France, et même au bord de la mer méditerranée. C’est là qu’est née l’une des BD devenues pilier de la fantasy française : Lanfeust de Troy. Scénarisée par Arleston et dessinée par Tarquin, cette BD a donné lieu à un spin-off : Trolls de Troy, illustré par l’incroyable Mourier.
Dès la création des trolls dans Lanfeust, Arleston enclenche ce qui deviendra la marque de fabrique de ces créatures toutes en muscles, en dents et en humour noir, que je qualifierais de « jeu de mot discret ». Je m’explique.
Hébus est le premier troll à apparaître. Le nom à lui seul ne suffit pas à comprendre, sauf si vous avez comme moi des parents qui tiltent. En rajoutant le mot « troll » devant « Hébus », on obtient quoi ? Le trolleybus, un mode de transport en commun ancien.
Eh bien, ce fonctionnement, c’est celui que l’on retrouve dans Trolls de Troy, à chaque nom de troll. Et il est parfois difficile de les comprendre. Naissent donc le troll Teträm (drôle de dames, son fils Gnondpom (trognon de pomme), la meilleure amie de ce dernier et d’autres personnages tous aussi hauts en couleur.
Continuons en France, avec l’une des bandes dessinées les plus célèbres de l’Hexagone, mais aussi à l’international : Astérix le gaulois.
Les choix de Renée Goscinny et Albert Uderzo ont mené à une double contrainte lorsqu’il s’agit de nommer leurs personnages.
Je m’explique : Goscinny et Uderzo aimaient les jeux de mots et les références populaires, et c’est devenu la base de leur façon de nommer leurs personnages : Tragicomix, Canalplus, Grossbaf…
À ce plaisir du jeu de mots s’ajoute la contrainte du suffixe. Chez Goscinny et Uderzo, on reconnait l’origine d’un personnage à son suffixe. Ainsi, Astérix, Obélix, Ordralphabetix et tout personnage dont le nom se termine en -ix sont Gaulois. À l’exception de Jules César, les noms Romains s’achèvent en -us : Anglégus, Zaplézactus… Les Normands en -af (Grossbaf…), les Égyptiens en -if (Numérobis, Amonbofis…), etc.
On peut également reconnaitre les femmes à leur suffixe : Bonemine, Ielosubmarine s’achèvent toute en -ine, ce qui en fait des Gauloises. Il est également possible que cela s’achève en -a avec Falbala ou Zaza.
Je dirais qu’il y a plusieurs intérêts à utiliser ces méthodes.
1-s’amuser et amuser le lecteur
2-identifier de suite les origines et la nature des personnages (sayans, gaulois, trolls…)
3-se souvenir plus facilement des noms des personnages
La façon de nommer les personnages peut donner du caractère aux œuvres et même permettre de les reconnaitre. Dans le cas d’Astérix, par exemple, le moindre nom permet de savoir d’où vient le personnage.
Alors, à votre imagination !